Les femmes domestiques de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, se disent victimes des actes barbares dans l’exercice de leurs travaux quotidiens.
Ces femmes et filles œuvrant dans ce secteur dans la partie est de la République démocratique du Congo fustigent que leur dignité humaine soit bafouée par ceux qui les emploient : « Nous regrettons le fait que nos patrons ne nous considèrent pas comme d’autres travailleurs ici dans la ville de Goma. On nous donne même des noms qui ne sont pas convenables à notre personnalité. Vous écouterez certaines personnes parler Waboyi, Watumishi, et plusieurs autres noms seulement pour nous dénigrer dans le boulot. Le pire alors c’est le fait que nos droits ne sont pas respectés comme il en est pour d’autres Congolais. Beaucoup d’entre nous sont victimes des violences sexuelles commises par leurs employeurs et cela reste gênant pour nous » affirme à Kivumorningpost Eliane Kahindo.
Cependant, son témoignage poignant n’est pas le seul. Plusieurs domestiques subissent les cas de maltraitance. Et souvent, plusieurs cas ne sont pas dénoncés par les victimes. Ce qui fait que les bourreaux continuent à commettre ces actes : « Moi, j’ai été harcelée par mon patron pour la première fois, la deuxième fois, j’ai refusé de coucher avec lui, il l’a fait par force, la troisième fois, j’ai refusé puis il m’a chassée du boulot sans motif valable et je suis partie sans avoir même 100 FC de mon salaire » témoigne Kanyere Dorcas
Pour certaines femmes et filles domestiques, le fait de ne pas avoir des conventions écrites avec leurs patrons reste le seul motif du non-respect de leurs droits en tant que travailleurs, comme tant d’autres professions en République démocratique du Congo.
Aline KALISIWAVI, femme d’une vingtaine révolue, a été victime de cette pratique lorsqu’elle exerçait son travail au cours de l’an 2022.
À l’en croire ; la convention 189 qui reconnait les travailleurs domestiques comme d’autres professions devrait être respectée et mise en pratique.
« Nos patrons nous abusent souvent sexuellement et maintes fois ils ne nous payent pas faute que nous n’avons pas où aller. J’ai passé plus de six mois impayés et lorsque je suis partie à la justice, on m’a demandée de donner ce qui témoigne que j’étais son employé donc en termes de convention écrite entre lui et moi. Comme je ne l’avais pas, je suis partie comme ça sans aucun suivi » confirme-t-elle
Selon le rapport publié le mois dernier par l’union des femmes domestiques du Congo, UFEDOC en sigle, en RDC, le travail informel représente près de 70% d’activités économiques.
Pour les travailleuses et travailleurs domestiques, l’informalité courante ne fait pas figure d’exception.
Mais c’est une catégorie de travailleurs vulnérables, car exerçant souvent de manière isolée pour des ménages, des particuliers.
Parce qu’ils ne sont pas déclarés, les travailleurs domestiques sont rarement rémunérés au taux journalier du salaire minimum interprofessionnel garanti qui est fixé à 7.075 francs congolais, (soit 3,5 dollars américains), depuis janvier 2018.
Ce rapport précise également qu’actuellement, leur revenu varie entre 20 et 50 dollars le mois.
Ce qui reste malheureusement inférieur à ceux des autres secteurs d’emploi, signale UFEDOC.
Dans une interview exclusive avec Kivumorningpost, l’UFEDOC plaide pour une réglementation de ce secteur en RDC et demande la ratification par le pays de la Convention internationale du travail n°189 de l’Organisation internationale du Travail sur le travail décent pour les travailleuses et travailleurs domestiques de 2011.
À ce jour, seuls 35 pays l’ont ratifié.
« Un des défis majeurs qui se présente à nous est de réaliser la ratification de la C189 et de la mettre en application, ce qui rendra ensuite possible l’ajustement de la législation et nous permettra de continuer à réaliser des progrès pour les travailleuses et travailleurs domestiques jusqu’à ce que nous obtenions le droit à la journée de travail de 8 heures, un salaire minimum et les congés payés » dit Kazingufu Mitérand chargé de communication de l’UFEDOC.
Signalons que la convention numéro 189 sur les travailleuses et les travailleurs domestiques, adoptée par l’OIT en 2011, reconnaît les millions de travailleurs domestiques comme des travailleurs à part entière, les autorisant à défendre leurs droits et à lutter contre la violence et le harcèlement.
Depuis l’adoption de ladite convention, l’OIT a mis en place une stratégie d’action mondiale destinée à soutenir les gouvernements, employeurs et travailleurs dans leur démarche visant à faire du travail décent une réalité pour les travailleurs domestiques, ce qui ne pas respecter dans presque toute la république démocratique du Congo.
À lire aussi sur Kivumorningpost