Human Right Watch accuse les autorités congolaises d’accroître la répression à l’approche des élections.
Dans un communiqué publié Mardi 22 Août, l’ONG américaine de défense des droits humains accuse les autorités de la République démocratique du Congo d’avoir pris pour cible depuis mai 2023 des dirigeants de partis politiques d’opposition, en restreignant leurs libertés fondamentales et en arrêtant des cadres de partis.
Selon cette organisation, la répression se déroule dans un contexte de tensions politiques accrues avant le démarrage officiel, le 19 novembre, de la campagne pour l’élection présidentielle. En RDC les élections générales sont prévues pour le 20 décembre 2023 selon l’esprit du calendrier électoral publié par la commission électorale.
En vertu du droit régional et international relatif aux droits humains, les autorités congolaises sont tenues de garantir les droits à la liberté d’expression, d’association, de réunion pacifique et de circulation.
Les autorités devraient mettre fin aux arrestations arbitraires et respecter pleinement le droit des personnes détenues à une procédure régulière et à un procès équitable selon HRW.
« La récente vague d’arrestations et de restriction des libertés fondamentales par les autorités congolaises vise les candidats à l’élection présidentielle issus de l’opposition et leurs dirigeants. Le gouvernement devrait veiller d’urgence à ce que ces candidats, leurs partisans et tous les Congolais et Congolais puissent librement exprimer leurs opinions et organiser des manifestations pacifiques avant les scrutins de décembre » a déclaré Thomas Fessy, chercheur principal de Human Rights Watch sur la RD Congo.
Human Right Watch a indiqué dans sa déclaration que le 23 mai, la police a empêché le convoi de Moïse Katumbi, chef du parti d’opposition Ensemble pour la République, de se rendre dans la province du Kongo-Central, juste au Sud de Kinshasa, où il avait prévu plusieurs réunions et rassemblements politiques.
Des policiers ont bloqué les véhicules de l’emblématique ancien gouverneur du Grand Katanga et de ses associés sur instruction du gouverneur de la province, Guy Bandu Ndungidi.
Invoquant des raisons sécuritaires, Monsieur Ndungidi avait auparavant demandé à Monsieur Katumbi de reporter ses projets et d’organiser un déplacement d’une journée dans une seule ville au lieu d’une tournée provinciale, ce qu’il avait rejeté.
Le 25 mai, outre Moïse Katumbi, la police a empêché les candidats de l’opposition Martin Fayulu, Delly Sesanga, Matata Ponyo et leurs militants de se rassembler devant le siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Les autorités leur avaient auparavant ordonné de ne pas y tenir le sit-in qu’ils avaient prévu pour protester contre ce qu’ils ont décrit comme un « processus électoral chaotique ».
Des experts médico-légaux et des policiers de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation au Congo (MONUSCO) ainsi que des experts sud-africains et belges prêtent assistance aux enquêteurs congolais, selon un proche du feu Chérubin Okende et des sources onusiennes et diplomatiques.
L’enquête sur le meurtre de Chérubin Okende devrait être crédible, impartiale et transparente et tous les responsables devraient être dûment poursuivis en justice, poursuit l’ONG Human Rights Watch.
Dans plusieurs affaires récentes, le système judiciaire congolais et les agences de sécurité de l’État, notamment les services de renseignement, la police et la Garde républicaine ont agi avec partialité, a constaté Human Rights Watch.
Dans un mémorandum adressé à la Commission nationale des droits de l’homme le 15 juillet, plusieurs organisations de la société civile congolaise ont appelé le gouvernement à mettre fin aux arrestations et détentions arbitraires par les services de renseignement. La répression gouvernementale a également un impact sur la couverture médiatique des partis d’opposition, révèle cette ONG basée à New-York.
Le 31 juillet, l’organisation de défense de la liberté de la presse Journalistes en danger (JED) a exprimé sa profonde préoccupation « face à la montée des actes d’intolérance et de violence physique contre des journalistes par des militants de partis politiques » lors de la couverture d’événements politiques.
Le 29 juillet à Kananga, des partisans présumés du parti au pouvoir ont lancé des projectiles qui ont atteint au moins quatre journalistes et six caméramans couvrant le cortège de Sesanga, qui a également été touché.
Le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme a signalé en août que « L’environnement préélectoral en RD Congo est de plus en plus caractérisé par un rétrécissement de l’espace civique et des violences politiques et électorales, des arrestations et détentions arbitraires, des enlèvements et des menaces ciblant l’opposition politique, un usage excessif de la force contre des manifestants pacifiques, et des discours de haine et d’incitation à la violence ».
Le Bureau a prévenu que de tels abus « risquent d’entacher la crédibilité du processus électoral » et « augmentent les risques de la violence ».
Dans une déclaration conjointe, les États-Unis, la délégation de l’Union européenne et plusieurs États membres de l’UE, le Japon et le Royaume-Uni ont récemment fait part de leurs préoccupations concernant « l’usage excessif de la force en réponse aux récentes manifestations, les restrictions imposées à la liberté de mouvement ainsi que les arrestations arbitraires ».
Le président Félix Tshisekedi, qui brigue un second mandat, n’a montré que peu d’intérêt à ce que tous les partis politiques puissent opérer librement, dit Human Rights Watch dans son communiqué.
Le 25 juin, dans un discours prononcé dans la province du Kasaï-Oriental, le président congolais Tshisekedi a déclaré qu’il s’attaquerait « sans hésitation, sans remords à tout Congolais qui mettrait en danger la sécurité et la stabilité de notre pays…Peu importe ce qu’on en dira : violations des droits de l’homme, privation de libertés…je n’en démordrai pas parce que démocrate je suis, démocrate je resterai. Je n’ai aucune leçon à recevoir de qui que ce soit dans ces domaines »
Le gouvernement congolais a l’obligation juridique internationale de veiller à ce que ses forces de sécurité ne violent pas les libertés fondamentales nécessaires à la tenue d’élections libres et équitables, notamment les droits à la liberté d’expression, d’association, de réunion pacifique et de mouvement.
Les autorités devraient enquêter et prendre les mesures adéquates à l’encontre des responsables gouvernementaux qui violent ces droits, quel que soit leur poste ou leur rang, suggère HRW.
« Arrêter des proches de dirigeants de l’opposition et les empêcher de se déplacer dans le pays ou d’organiser des manifestations et des rassemblements envoie un message effrayant à la veille de la campagne électorale » a déclaré Thomas Fessy.
« Le gouvernement devrait d’urgence inverser cette tendance, qui risque d’aggraver une situation déjà extrêmement tendue. » a-t-il ajouté
À lire aussi sur Kivumorningpost