Le général- major Peter Cirimwami est le nouveau gouverneur intérimaire du Nord-Kivu. Il a pris officiellement ses fonctions mardi en remplacement du lieutenant général constant Ndima Kongba. Ce changement à la tête de la province intervient dans un contexte sécuritaire particulier marqué par la méfiance de la population vis-à-vis des responsables militaires de l’Etat de siège.
Ceci étant amplifié par le carnage commis par la garde républicaine sur les adeptes de la secte mystico-religieuse Wazalendu en date du 30 Août 2023. Selon un bilan officiel, cette répression effectuée à Nyabushongo au quartier Ndosho avait coûté la vie à 57 personnes. Dans un tel contexte, l’avènement de Peter Cirimwami à la tête de la province est analysé différemment par les habitants de Goma.
C’est par exemple Mugisho, moto taximan croisé à l’entrée TPD. Celui-ci qualifie de perte du temps cette nomination.
« Que ce soit Peter Cirimwami ou son prédécesseur, pour moi, c’est un non-événement. Que dois-je attendre d’un gouverneur militaire qui n’a pas le temps d’écouter ses administrés ? Ils sont juste là pour rouler dans des voitures aux vitres teintées et pas plus. » fait savoir cet habitant.
Si le goût et les couleurs ne se discutent pas. BENJAMIN, un universitaire de trente ans attend des améliorations sur le plan sécuritaire de la part du nouveau locataire du musée de Goma. Cet étudiant rappelle au gouverneur que la préoccupation majeure de la population est le retour de la paix dans plusieurs entités en proie aux forces négatives.
« Nous ne pouvons comprendre comment les rebelles du M23 et d’autres groupes armés continuent de gérer des entités comme Rutshuru, Masisi et Nyiragongo alors que la RDC a une armée qui se veut professionnelle. Il est temps pour le gouverneur, de faire preuve de patriotisme et de courage en libérant ces entités. La place des militaires n’est pas en ville mais plutôt au front » dit –il.
Dans les quartiers périphériques de la ville de Goma, en proie à une insécurité grandissante, un vaste chantier attend le Général Major Peter Cirimwami. Ce chantier concerne la lutte contre l’insécurité à Mugunga et diverses tracasseries.
Baba Amani, tenancier d’une boutique à Mugunga renseigne que chaque jour aux environs de dix-neuf heures moins, des hommes en tenue des FARDC et de la police excellent dans des actes de tracasseries et de vol des biens de paisibles citoyens.
« Au jour le jour, nous sommes victimes de l’insécurité. Chaque soir, ces éléments volent argent et téléphones de la population. Être en possession d’une carte d’électeur n’est pas une garantie à Mugunga. Les éléments de l’ordre qui font la patrouille s’en fichent tellement. Ces derniers sont prêts à tout si vous refusez d’obtempérer à leurs ordres. Nous osons croire que Peter Cirimwami et son équipe prendront à bras le corps ce problème. La population de Mugunga vit la terreur de la part des hommes déployés pour sa sécurité » déplore cet homme avoisinant 45ans.
Un autre habitant salue la démarche entreprise par le vice premier et ministre de la défense dans la désignation de ce nouveau chef de l’exécutif provincial. Celui-ci est convaincu que le nouveau gouverneur à savoir le General Major Peter Cirimwami exercera ses fonctions dans le respect des droits humains, contrairement au lieutenant général Constant Ndima.
« Ce qu’on a vécu à Goma en date du trente août est inacceptable. Ce que le gouverneur sortant a fait par l’entremise de l’armée prouve l’insouciance de ce dernier vis-à-vis des communautés du Nord-Kivu. Peter Cirimwami est un Kivutien. Il connaît la mentalité de la population et connaît ou il met son pied. Qu’il profite de son intérim pour faire changer les choses. Le peuple n’a pas besoin des discours mais des actions. » conclut Jonas, travaillant dans le secteur de la réparation des motos à l’entrée du bureau du quartier lac vert.
Présidant la cérémonie d’installation du nouveau gouverneur mardi, le Général Major Jacques NDURU YCHALIGONZA a rappelé que la mission ayant conduit à l’instauration de l’État de siège est la quête de la paix dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Une paix, qui, deux ans après reste dubitative. En début de semaine, alors qu’ils avaient annoncé leur retrait de la cité de Kiwanja, les rebelles du M23 y sont revenus. Lors d’un meeting populaire tenu lundi 18 septembre 2023 à Kiwanja, le M23, par le biais de Benjamin Mbonimpa, secrétaire exécutif de ce mouvement rebelle, a indiqué que les éléments du M23 vont désormais procéder aux opérations de patrouille et sécuriser les tronçons routiers. Une provocation à laquelle les autorités du Nord-Kivu n’ont pas encore répondu.
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