Par violence basée sur le genre (VBG), on entend l’ensemble des actes nuisibles, dirigés contre un individu ou un groupe d’individus, en raison de son ou de leur identité de genre. Cette notion prend racine dans l’inégalité entre les sexes, l’abus de pouvoir et les normes néfastes.
Typologie des violences basées sur le genre.
Lorsqu’on parle de violence sexuelle basée sur le genre, l’on pense généralement au viol ou à la violence physique. Pourtant, il en existe plusieurs autres formes :
Violence verbale (insultes, injures, cris…) ; Violence psychologique ; Violence socioéconomique ; Violence domestique ; Mariages forcés ; violence dans les relations intimes ; Harcèlement et harcèlement sexuel.
Ces conséquences peuvent impacter négativement la santé (sexuelle et reproductive) des victimes : grossesses forcées et non désirées, avortements clandestins, infections sexuellement transmissibles, dont le VIH/Sida, irritabilité, colère, difficultés pour s’endormir, cauchemars, réveils dans la nuit, changements dans les conduites alimentaires, etc. D’où la nécessité de sensibiliser les bourreaux et les victimes.
Chaque année, les Nations Unies organisent une campagne de lutte contre les violences sexuelles à l’occasion des 16 jours d’activisme contre ce fléau. Au Nord-Kivu, dans l’Est de la RDC, l’insécurité des groupes armés n’est pas le seul facteur qui favorise ces violences. Les coutumes et traditions aussi. Avec l’aide de la MONUSCO et ses partenaires, des ONGs locales sensibilisent les communautés locales, et de plus en plus les hommes prennent conscience de ce phénomène. Mais le combat reste difficile.
Selon les Nations Unies, cette expression est principalement utilisée pour souligner le fait que les déséquilibres des pouvoirs structurels, fondés sur le genre, placent les femmes et les filles dans une position qui leur fait courir un plus grand risque d’être l’objet de multiples formes de violence.
Et même si ce sont elles qui souffrent de façon disproportionnée de la violence basée sur le genre, note le Fonds des Nations Unies pour la population, les femmes n’en sont pas les seules victimes. Les hommes et les garçons aussi.
Petits arrangements à l’amiable…
« Il faut en parler, il faut dénoncer toutes formes de violences dont vous êtes victimes », avait lancé Bintou Keita, cheffe de la MONUSCO, aux femmes du territoire de Lubero où elle était en visite en juillet 2023, rapporte Jean Tobi Okale, chef du service de l’information publique du bureau de la Monusco-Beni.
Bien que la violence basée sur le genre mette en péril la santé, la dignité, la sécurité et l’autonomie de ses victimes, elle reste cependant entourée d’une culture du silence. En cause : la peur (des bourreaux), les arrangements entre (familles de) victimes et leurs bourreaux. Ce qui pousse celles-ci à se taire.
Il y a aussi, comme freins à ce combat, le poids des coutumes et traditions. Des femmes et hommes sont, parfois contre leur volonté, en train de perpétuer des traditions qui perturbent le fonctionnement de la société. Les gardiens des coutumes se servent parfois de leurs statuts pour imposer des violences psychologiques et même physiques aux membres sous leur responsabilité.
« Dans certaines traditions du territoire de Beni par exemple, la femme est parfois contrainte, après la mort de son mari, à avoir une relation sexuelle avec le jeune frère de ce dernier afin dit-on, de laisser reposer l’âme du défunt. Le mariage forcé des mineures est une autre forme de contrôle toujours très répandu, malgré la convention de l’ONU qui interdit le mariage des jeunes filles qui ne sont pas encore en mesure de donner leur accord éclairé à des relations sexuelles) », explique Patience Sinamuli, point Focal du CAFED, le Collectif des associations féminines pour le développement.
Les femmes qui se révoltent contre le rôle qui leur est attribué sont accusées de faire la honte et le déshonneur de leurs familles.
Ça change quand même, malgré les défis.
Mais une lueur d’espoir est en train d’émerger, à la suite des sensibilisations menées par les organisations nationales et internationales, avec le concours des Nations Unies. Dans des villes, ces pratiques sont en train de reculer. Ce qui n’est pas le cas des villages reculés, explique encore Patience Sinamuli, point Focal du CAFED.
« Ici dans la ville de Beni par exemple, ces traditions qui violent régulièrement les droits de femmes et que l’on classe dans la catégorie des violences basées sur le genre sont en train de disparaître. L’on sensibilise les différentes couches de la population. Mais dans des localités où les gens ne sont pas instruits, où la tradition est encore permanente, ces violences basées sur le genre sont régulièrement commises. Et tout le monde se tait et se conforme », soutient-elle.
À lire aussi sur Kivumorningpost