Dans le cadre de l’exécution de son plan de retrait progressif et ordonné de la RDC, la MONUSCO a fermé officiellement sa base de Lubero, en province du Nord-Kivu, ce mardi 26 décembre 2023, après 21 années d’une présence marquée par la désinformation et des incompréhensions ; mais surtout par d’importantes réalisations en faveur de la population, dont les femmes, des partenaires locaux, dans l’optique de renforcer la paix.
Il était environs 10h 37, heure de l’Est, lorsque l’hélicoptère Oryx du contingent sud-africain de la MONUSCO s’est posé à l’héliport de Mulo à Lubero. Avec à son bord, la délégation du personnel de la Monusco, accompagnée par 4 journalistes, dont le permanent de Kivumorningpost en ville de Beni.
A 13h 38, le drapeau bleu des Nations Unies a été « déhissé », pour laisser la place à celui de la RDC. Dans la cour de cette base militaire qui a accueilli de nombreux contingents (Indiens, Sud-africains, Marocains et Népalais), les visages des invités à la cérémonie d’adieu cachent mal la tristesse, mais aussi l’inquiétude.
« Ce que je n’oublierai jamais de la présence de la Monusco, c’est la collaboration. Ils nous ont formé sur des notions de VBG (Violences basées sur le Genre). Nous regrettons leur départ, car on nous aidait énormément. On nous a construit une salle de réunion pour les femmes et des marchés confortables. Nous demandons à la Monusco de ne pas oublier les femmes de Lubero », lâche Kavugho Kawalina Angel, coordonnatrice de la league des femmes de Lubero.
« Nous reconnaissons l’appui de la Monusco à nous la société civile dans différentes formations sur comment faire les plaidoyers, comment protéger l’environnement et bien d’autres. Ces formations nous ont appris à jouer pleinement notre rôle. D’autres réalisations, ce que la Monusco a jeté plusieurs ponts et nous a même promis de construire le bureau administratif de notre territoire », renchérit avec un ton de regret, le rapporteur territorial de la coordination de la société civile de Lubero.
Sous couvert d’anonymat, un autre habitant se souvient : « La présence de la MONUSCO a d’abord été un élément dissuasif pour tous ces miliciens qui certes, continuaient à attaquer des civils le long de la route nationale numéro 4 ; mais grâce aux opérations et patrouilles quotidiennes de la MONUC (actuelle MONUSCO), ils étaient souvent mis en déroute », rappelle-t-il.
La MONUSCO quitte Lubero, pas les Nations Unies…
Tout comme l’administrateur militaire de territoire, le chef de Bureau de la MONUSCO-Beni-Lubero, s’est voulu rassurant quant à l’après-MONUSCO à Lubero. Pour Josiah Obat, qui dit sa confiance en la société civile, rassure qu’il s’agit d’une séparation seulement physique, car depuis Beni, la MONUSCO reste activement engagée aux cotés des populations locales, tout comme le système des Nations Unies.
« Tout ce que la MONUSCO a réalisé ici, c’est grâce à la population. Et c’est la même population-là qui doit continuer à garder les acquis que la MONUSCO laisse ici. On laisse ici une société civile qui est vraiment outillée. C’est notre souhait qu’elle continue à utiliser les mêmes outils pour continuer à lutter pour que la paix puisse revenir ici définitivement », souligne le chef de Bureau.
Plus de 25 000 FDLR rapatriés au Rwanda et 11 000 ex-combattants démobilisés.
Depuis 2002, à travers sa Section DDR, ce sont quelques 25 000 Forces de libération démocratique du Rwanda, FDLR, que la MONUSCO a rapatrié au Rwanda. A ce chiffre, s’ajoute celui de 11 000 ex-combattants qui sont passés par le camp DDR de la MONUSCO à Lubero. Beaucoup d’entre eux se sont parfaitement réinsérés dans la communauté aujourd’hui. C’est le cas de Gentil Kakule Kombi, qui invite ses frères encore dans la brousse à » quitter cette vie » pour rejoindre la vie civile.
« Nous avions été bien sécurisés dans les bases de la MONUSCO, nous avions été bien logés dans les bases de la MONUSCO avant de nous remettre au gouvernement congolais. J’ai été démobilisé depuis 2015, et depuis lors, je suis revenu dans ma communauté, je suis actuellement responsable d’une grande équipe de football LUBERO SPORT. Je participe activement à la vie communautaire, mais aussi au développement de chez moi. Puisqu’à part ça, dans le cadre de la consolidation de la paix, j’encadre une association CJPC, qui travaille aussi dans le cadre de la consolidation de la paix, qui est aussi partenaire de la MONUSCO », Témoigne Kombi Gentil.
Il est impérieux de noter que du mobilier et matériel de bureau, des frigos, fontaines d’eau, du matériel de bureautique, des tentes et préfabriqués, des ordinateurs, poubelles géantes, congélateurs, etc., ont été offerts par la MONUSCO à ses partenaires de la protection civile, des associations féminines, l’administration du territoire, la DGM, la PNC, le P-DDRC-S, et autres organisations de la société civile.
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