Les minerais convoités de la cité minière de Rubaya sont exploités malgré l’annonce par les autorités de la République démocratique du Congo interdisant l’exploitation de ces minerais.
Selon un nouveau rapport des experts de Nations Unies, ces minerais sont exploités sous la supervision de combattants Nyatura-Abazungu et PARECO-FF.
« Au cours de la période considérée, le devoir de précaution n’a pas été sérieusement appliqué concernant les deux concessions minières à Rubaya, à savoir PE4731 et PE76, en raison de la présence généralisée des groupes armés et d’autres réseaux criminels dans l’exploitation et le commerce de l’étain, du tantale et du tungstène se déplaçant librement et contrôlant certains postes où ils taxaient les civils » peut-on lire dans ce rapport.
Selon les expertes de l’ONU, des combattants Wazalendo des groupes armés Nyatura-Abazungu et Coalition des patriotes résistants congolais-Force de Frappe (PARECO-FF), entre autres, étaient impliqués dans les activités minières dans les concessions PE4731 et PE76.
Les mineurs, la société civile et d’autres sources ont signalé les activités des combattants Wazalendo dans plusieurs sites miniers situés dans la concession PE4731, notamment D4 Gakombe, Luwowo, Bundjali, Koyi, D2 Bibitama, D3 Bibitama et D2 Mataba.
« Les mêmes sources mentionnent l’implication croissante des combattants de la PARECO-FF à Bihula, un site minier situé dans la concession PE76. La PARECO-FF contrôle la zone depuis juin 2023, date à laquelle les combattants ont quitté la concession PE4731 à la suite de désaccords entre leur chef, Sendugu Museveni, et deux chefs Nyatura, les « généraux » Mahoro et Mutayombwa, principalement au sujet du partage des recettes des taxations illégales » précisent-elles.
Depuis mai 2023, les Wazalendo demandent à chaque groupe de deux à cinq creuseurs (kinamba) de payer 10 000 francs congolais (4 dollars) par jour pour avoir accès aux mines et pour leur « sécurité ». D’après des sources locales, au moins 100 creuseurs travailleraient dans chacun de ces sites, ce qui donnerait entre 15 000 et 20 000 dollars par mois aux groupes armés. Les négociants et les gérants de carrières devaient également payer 100 à 150 dollars par mois, en plus de 40 dollars lorsque les carrières étaient en activité.
Les combattants « Wazalendo », dont certains sont d’anciens mineurs, se sont accaparés de force des minerais. Par exemple, le « général » Nyatura Mutayombwa a exigé une partie de la production des creuseurs du site de Gakombe 46.
Le Groupe d’experts dit avoir vu des civils accueillir favorablement la présence des Wazalendo dans la région de Rubaya. La collaboration entre les combattants Wazalendo et les autorités gouvernementales a également été largement signalée.
Ainsi, des sources et des témoins oculaires ont fait état de patrouilles nocturnes conjointes Wazalendo-FARDC et de la présence de chefs et de combattants Wazalendo aux réunions de sécurité organisées à Rubaya par le représentant du Gouverneur militaire, Selkali Bihame.
La production des sites de la concession PE4731 a été soit introduite clandestinement au Rwanda soit blanchie dans la chaîne d’approvisionnement officielle en utilisant les étiquettes de l’Initiative de la chaîne d’approvisionnement.
« Les transporteurs des minerais travaillant à Rubaya ont rapporté que la route de la contrebande des minerais au Sud-Kivu, de plus en plus utilisée depuis l’occupation de Mushaki par le M23, a été progressivement abandonnée au profit de comptoirs basés à Goma, qui est redevenu un point de transit pour la contrebande vers le Rwanda » révèle les experts.
Rappelons que le 14 juillet 2023, le Ministère des mines a retiré à la Société minière de Bisunzu (SMB) son permis d’exploitation du site de la concession PE4731, lui donnant 30 jours pour faire appel. La société a fait appel, mais n’avait pas reçu de réponse au moment de l’établissement du présent rapport.
Rappelons que le site de Rubaya est aujourd’hui menacé par les rebelles du M23 qui sont situés aujourd’hui à une dizaine de km de la zone après leurs offensives entre novembre et décembre 2023 où ils ont réussi à déloger l’armée congolaise, Wazalendo dans la cité de Mushaki, Karibu et environs.
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