Les manifestations des jeunes kinois de ce vendredi et samedi se sont soldées par plusieurs dégâts matériels. Ces deux journées successives ont été marquées par des rassemblements significatifs devant les ambassades de quelques pays occidentaux, ainsi que devant le siège de la MONUSCO.
Mécontents de la situation prévalant dans l’Est du pays, plus précisément dans la province du Nord-Kivu, en proie aux violences du M23, les manifestants ont brûlé des pneus dans le centre-ville devant les ambassades des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni et de l’Union Européenne. Ils ont également mis le feu à certains véhicules de certains diplomates trouvés sur le boulevard.
Les protestataires demandent que ces missions diplomatiques soient fermées si aucune sanction n’est prise contre le Rwanda. Celui-ci est accusé de soutenir la rébellion du M23, un groupe rebelle occupant une partie de la province du Nord-Kivu. Des rapports d’experts des Nations Unies ainsi que les positions des pays occidentaux ont pointé du doigt le soutien rwandais à ce mouvement rebelle.
À l’origine, les revendications principales étaient de dénoncer l’appui des États-Unis au régime de Kigali, qu’ils estimaient responsables de la continuation du conflit dans l’Est de la RDC, en soutenant le M23 qualifié de « terroriste » par les manifestants.
Un écho de ces protestations a également été observé devant l’ambassade de la Côte d’Ivoire, toujours à Kinshasa, où un groupe de manifestants a aussi commis des actes de vandalisme.
Face à cette situation, l’ambassade de Côte d’Ivoire appelle ses ressortissants qui sont sur le sol congolais à observer des comportements responsables et annule le projet visant à réunir les Congolais et les Ivoiriens pour regarder le match.
« Considérant ces troubles qui menacent les vies humaines et les biens matériels, l’Ambassade de Côte d’Ivoire à Kinshasa informe que le projet de réunir, dans ses locaux, ses compatriotes pour assister, ensemble, au match de la finale, entre la Côte d’Ivoire et le Nigéria, est purement et simplement annulé », peut-on lire dans un communiqué rendu public ce samedi.
D’autre part, l’ambassadrice des États-Unis à Kinshasa, Lucy Tamlyn, a tenu à clarifier la position américaine concernant le conflit à l’Est de la RDC via son compte sur la plateforme X. Ce 6 février 2024, Mme Tamlyn a réaffirmé le soutien des États-Unis pour une RDC « forte, stable et pacifique », soulignant que la paix ne peut être atteinte qu’en respectant la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays. Elle a rappelé la condamnation du M23, soutenu par le Rwanda et soumis à des sanctions américaines depuis 2013, et a mis en avant l’engagement des États-Unis auprès du peuple congolais à travers une aide substantielle.
De son côté, la France, par la voix de Christophe Lemoine, porte-parole adjoint du Ministère des Affaires étrangères, a exprimé sa préoccupation quant à l’intensification des combats dans l’Est de la RDC et leurs conséquences humanitaires. La France souligne l’urgence de relancer les processus diplomatiques régionaux pour faire face à cette crise.
« La France est préoccupée par l’intensification des combats autour de Goma, à l’Est de la République démocratique du Congo, et ses graves conséquences humanitaires pour les populations civiles », indique un communiqué du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères.
La France condamne « avec la plus grande fermeté la poursuite des offensives du M23 », ainsi que toute attaque contre la force de la MONUSCO, poursuit le communiqué.
Pour la diplomatie française, la situation actuelle rend plus que jamais nécessaire la relance des processus diplomatiques régionaux, notamment pour l’entrée en vigueur d’un nouveau cessez-le-feu.
« Nous soutenons les efforts de tous les acteurs engagés en faveur du dialogue et de l’apaisement », conclut le ministère français de l’Europe et des Affaires.
D’autre part, la représentante de la MONUSCO, Bintou Keita, martèle que les attaques contre la MONUSCO impactent négativement l’appui de cette organisation internationale aux FARDC.
« Je condamne fermement la série d’attaques visant le personnel de la MONUSCO à Kinshasa ce samedi 10 février. Plusieurs de nos véhicules ont été incendiés. Affaiblir la MONUSCO, c’est renforcer les forces négatives qu’elle combat avec ses partenaires congolais (FARDC, PNC)… Je rappelle que les violences contre le personnel de la MONUSCO peuvent constituer un crime de guerre« , a affirmé Bintou Keita.
Ces manifestations interviennent alors que les combats se poursuivent sur plusieurs axes dans les territoires de Masisi, Rusthuru Nyiragongo. Ce samedi les combats ont été signalés dans le Bukombo en territoire de Rusthuru et Buhumba dans le territoire de Nyiragongo sans oublier certains villages de Masisi.
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