Les responsables de la société civile dans la partie Est de la République Démocratique du Congo (RDC) ont exprimé leur profonde inquiétude face à la situation sécuritaire et au processus de paix de Luanda lors d’une réunion d’analyse mercredi 7 août 2024 à Goma.
Dans une déclaration conjointe, les sociétés civiles du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri ont appelé à des mesures urgentes pour répondre à la crise humanitaire et sécuritaire qui sévit dans leurs provinces.
« La souffrance de nos compatriotes déplacés internes a atteint les limites du tolérable », ont-ils déclaré.
La société civile a exhorté la communauté humanitaire, tant nationale qu’internationale, à intensifier ses efforts pour assister les déplacés internes.
« Leur seul crime est d’être nés Congolais et d’habiter des zones riches en minerais et autres ressources naturelles », ont-ils ajouté, pointant du doigt la convoitise des pays voisins tels que le Rwanda et l’Ouganda.
Ils ont également lancé un appel au gouvernement congolais pour qu’il fasse de la situation humanitaire une priorité.
« Il est de son devoir non seulement de sécuriser tous les Congolais, mais aussi d’apporter une aide conséquente à tous les compatriotes contraints de quitter leur milieu de vie à cause de la guerre et de l’insécurité », ont-ils insisté.
Tout en saluant l’initiative du Président angolais pour le dialogue, la société civile a exprimé des réserves quant à l’efficacité du plan de neutralisation des FDLR, le qualifiant d’« alibi malencontreux » du gouvernement rwandais.
« La question des FDLR est utilisée par le Rwanda pour justifier son agression et le pillage systématique des ressources naturelles de notre pays », ont-ils affirmé.
Ils ont souligné que malgré de nombreuses opérations conjointes pour traquer les FDLR, la menace de ces derniers a été considérablement réduite.
« Nous avons vu des FDLR neutralisés, rapatriés et même exterminés lors des rebellions », ont-ils rappelé, déplorant cependant que les opérations actuelles contre les ADF et autres groupes armés continuent de causer des destructions et des déplacements massifs de populations.
La société civile a réitéré sa demande de retrait immédiat des forces militaires rwandaises et ougandaises du territoire congolais.
« Nous insistons sur le renforcement logistique et en troupes des FARDC dans la province du Sud-Kivu, particulièrement dans le territoire de Kalehe, car la menace des terroristes du M23 se fait de plus en plus sentir », ont-ils déclaré.
Ils ont également appelé à une clarification des relations diplomatiques entre la RDC et l’Ouganda, soulignant la contradiction entre l’opération conjointe FARDC-UPDF et le soutien de l’Ouganda au M23. « Il appartient au gouvernement congolais de revoir le commandement dans les zones opérationnelles et d’assurer un suivi rigoureux des fonds destinés aux opérations militaires », ont-ils recommandé.