Du 19 septembre 2023 au 19 septembre 2024, cela fait un an depuis la nomination du général-major Peter Chirimwami en tant que gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu sous état de siège.
La société civile a dressé ce vendredi 20 septembre 2024 un bilan sombre et décevant par rapport aux attentes sécuritaires. Les points négatifs l’emportent largement sur les positifs, la province étant confrontée à de nombreux problèmes, notamment la rébellion du M23, qui a conquis plusieurs entités du Nord-Kivu, entraînant un déplacement massif de la population et aggravant la situation humanitaire.
Mario Ngavo Kambale, président urbain de la société civile des forces vives, a néanmoins souligné quelques points positifs :
« Les tensions et conflits interethniques et coutumiers sont moins fréquents et mieux gérés par les autorités en place. Il y a eu le lancement de certains projets de développement, tels que des petits pots en province, l’avancement du pavage des routes, l’amorcement de l’agrandissement de l’aéroport et la construction d’un aérodrome à Walikale. Toutefois, ces travaux d’infrastructure, qui restent inachevés, n’ont pas respecté le calendrier prévu. De manière égoïste, certaines autorités s’enrichissent et favorisent leurs proches et connaissances. »
Les points négatifs, cependant, sont nombreux : la surmilitarisation des villes, notamment par des troupes étrangères, une augmentation sans précédent des cas de tueries, assassinats, morts et kidnappings, ainsi qu’une circulation incontrôlée d’armes. Les arrestations et poursuites arbitraires de notables, députés et défenseurs des droits humains pour des prétendues collaborations avec les rebelles sont également dénoncées.
Depuis sa prise de fonction, et même avant son arrivée à la tête de la province, le Nord-Kivu faisait face à une guerre d’agression menée par le Rwanda sous couvert du M23.
Mario Ngavo a poursuivi en mentionnant d’autres points négatifs tels que le déplacement massif des populations, la vie chère, la restriction des mouvements entre Goma, Masisi, Minova, Rutshuru, Beni, Butembo et Bungamba, ainsi que des échecs notoires et des retraits stratégiques dans les zones sous contrôle du M23. Il a également évoqué les tracasseries fiscales, judiciaires et policières.
Par ailleurs, il a insisté sur la mesure interdisant la circulation des motos à Goma après 18 heures, qui plonge la population dans une situation de vulnérabilité et de pauvreté. L’autorité de l’État n’est pas rétablie, les entités tombent entre les mains des rebelles, les groupes armés sont plus actifs, et les mesures sécuritaires prises ne sont pas adaptées à la réalité de la province et des villes.
La société civile recommande au gouvernement central de Kinshasa de prendre les mesures adéquate.
« Soutenir sur tous les plans les institutions provinciales ; Lever l’état de siège, qui n’a pas atteint ses objectifs, et organiser des élections pour le gouverneur ; Laisser aux militaires la gestion exclusive des stratégies de guerre dans les zones de combat ; Assister les déplacés de guerre et les ramener chez eux immédiatement après la reconquête des entités sous contrôle du M23 » demande la société civile.
De son côté, Placide Nzilamba, secrétaire technique de la société civile du Nord-Kivu, juge le bilan du gouverneur Chirimwami relativement mitigé comparé à celui de son prédécesseur. Il reconnaît toutefois des avancées, notamment sur le plan éducatif, pour avoir plaidé en faveur des élèves finalistes lors de la dernière édition.