Alors que les efforts continuent d’être déployés par les dirigeants régionaux pour trouver une issue à la crise sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo, certaines voix s’élèvent pour dénoncer la distraction entretenue par les médiateurs.
L’un d’eux, Héritier Ndenge Ndange, porte-parole des APCLS, un groupe de Wazalendo, estime que les efforts fournis par le Président angolais sont une distraction, tandis que la RDC continue d’être victime d’un plan d’agression savamment orchestré.
« Le processus de Luanda est un danger pour l’intégrité territoriale de la RDC, en particulier pour sa partie Est. À titre de rappel, les Wazalendo avaient contenu la rébellion du M23 à Chanzu et Runyoni en juin et juillet 2022. L’ennemi ne savait pas comment avancer, et je ne sais pas par quelle magie il a obtenu un premier cessez-le-feu. En juillet 2022, après le passage d’Alexis Gisaro dans la zone, les Wazalendo ont été sommés de quitter leurs positions et de retourner d’où ils venaient. Ils ont été menacés par l’armée, qui avait annoncé qu’un compromis avait déjà été trouvé avec la rébellion pour la cessation des hostilités. Malheureusement, le M23 a attaqué les FARDC et a pris Bunagana, Chengerero, Kiwanja, Rutshuru, et Kibumba ».
Rappelle Héritier Ndange Ndange.
Il ajoute que, quelques semaines après, le M23 ont encore obtenu un deuxième cessez-le-feu, grâce aux USA, deux mois plus tard. Ces derniers ont attaqué Kitchanga-Kilolirwe, Mweso en janvier et février 2023. À partir de cette période, ils ont obtenu un troisième cessez-le-feu sur demande des USA, avec des conditions de retrait des RDF, de désarmement et de précantonnement des éléments du M23 à Rumungabo, puis de cantonnement à Kindu. Lorsqu’ils ont pris Mushaki, Rumeneti, Kabati, Rubaya et Karuba, ils ont obtenu un quatrième cessez-le-feu, puis lorsqu’ils ont atteint les objectifs de leur première phase en prenant Lubero et Miriki, ils ont obtenu un cinquième cessez-le-feu, toujours grâce aux USA.
Face à l’impasse et à l’avancée des rebelles du M23, ce Congolais pense que le moment est venu pour les Congolais de valoriser leur pays. Il appelle à une prise de conscience de la part des dirigeants face aux défis sécuritaires au Nord-Kivu.
« Chers Congolais, vous qui chantez chaque jour dans les manifestations publiques l’hymne national « Debout Congolais » sans prendre en compte le sens des mots, je vous demande à tous de chanter et de rechanter l’hymne national. Cet exercice nous édifiera sur le comportement à adopter en cette période où notre pays fait face à deux guerres d’agression. Si la crise du M23 capte l’attention de beaucoup à travers la République, nombreux sont ceux qui ignorent qu’à Beni, la population est égorgée quotidiennement. Nous savons très bien que dans cette zone, il y a des opérations dites « Shujaa ». Mais prend-on le temps de réfléchir aux conditions dans lesquelles elles ont vu le jour ? Il sera peut-être un jour plus difficile de demander aux UPDF de retourner à Kampala que de demander aux FARDC de rentrer à Kinshasa ».
Prévient Héritier Ndange Ndange
Alors que le processus de Luanda priorise la traque des FDLR parmi les solutions à la crise régionale, Héritier Ndange considère cette stratégie comme une fuite en avant.
« Chères autorités, ne vous laissez pas berner par des histoires. Prenez vos responsabilités. Kigali se joue de la RDC en Angola tout en suivant son propre agenda. La lutte contre les FDLR n’est pas une solution de paix dans la sous-région. L’unique moyen de résoudre la crise actuelle est le dialogue et la réconciliation entre les Rwandais ».
croît-il fermement.
Cette sortie médiatique intervient alors que la rébellion du M23 vient de franchir une nouvelle étape en occupant certains villages du territoire de Walikale, au Nord-Kivu.
En début de semaine, l’Angola a condamné la violation du cessez-le-feu par la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda.