En république démocratique du Congo, le pari sportifs est en plein Essor en provinces comme dans la capitale Kinshasa. Plusieurs entreprises spécialisées dans ce secteur ont vu le jour, offrant ainsi des opportunités aux joueurs de faire de grosses mises suivies de gains allant jusqu’à deux cents pourcents et d’autres à perdre le peu de ressources à leurs dispositions.
Comment les perdants vivent-ils le stress lié aux rencontres sportives ?
Nous sommes au Rond-point huileries dans la ville de Kinshasa. Ici nous croisons, Hilaire, l’un des meilleurs joueurs du pari sportif. Ici, c’est lui le maître, de nombreux joueurs recourent à son expertise pour prédire des bons résultats des rencontres sportives.
» Le pari et moi, c’est une longue histoire d’amour. Ça fait 4 ans depuis que suis dans ce secteur comme jouer. Le chômage a été parmi les éléments ayant contribué à mon penchant pour le jeu. Grâce au pari, je suis devenu autonome. Avec mes gains pouvant aller jusqu’à 100.000 FC au quotidien. Je parviens à nouer les deux bouts du mois « , dit-il
Bernard, jeune vendeur de crédit téléphonique au rond-point socimat recours aussi au winner bet.
Pour lui tout est question de chance et non de maîtrise de l’art du jeu.
» Un bon joueur de pari ne doit pas être émotif. Jouez, c’est prendre des risques. Il y a des jours où vous faites des gains et d’autres jours, c’est le blanc (propriétaire du jeu) qui vous fait une raclée. C’est pénible quand on voit l’équipe sur laquelle on a parié perdre un match. Le dernière classico entre le Real et le FC Barcelone m’a fait perdre 56.000 FC (20$), un montant assez significatif dans mes affaires. Mais ici, au Congo, qui ne risque rien, n’a rien « , se réconforte-t-il
Bien qu’officiellement destinés aux personnes de plus de dix-huit ans, les adolescents aussi font partie de la liste des joueurs.
Tombés dans l’aduction, certains élèves prennent le risque en allant jouer avec les frais de scolarité.
» Au niveau de mon guichet, on ne peut pas savoir qui a dix-huit ans et qui ne l’a pas. Nous voyons souvent des jeunes joueurs qui viennent prendre le risque. Certains pleurent lorsqu’ils ne gagnent pas. C’est la vie. Ici, il n’y a pas d’amour. Soit tu gagnes, soit tu perds« , témoigne pitchou, un dealer de ngenge sport.
Alors que le secteur se développe au fil des ans, certains habitants dénoncent les dangers que représentent ces jeux sur la santé psychique des habitués.
» Quand tu vois la tendance ici, les grands joueurs sont souvent les jeunes sans emploi et ceux qui font des petites activités. Ces derniers consacrent plus de temps au déchiffrage des listes des rencontres sportives et d’autres devant la télé. Un temps qui devrait être capitalisé dans des activités liées au développement du pays. Au-delà de la distraction, ces jeux sont une source d’anxiété et de dépression pour des matchs perdus. Certains perdants manquent de faire Play et deviennent violents », déplore Pascal Munguakonkwa, habitant de Kinshasa.
Suivant de près la question du paris sportifs, Alice spécialisée en psychologie clinique tire la sonnette d’alarme sur les dangers de ces jeux en RDC. « Ces jeux sont la source du surendettement, problèmes familiaux, isolement social et suicide dans les cas les plus graves », rappelle-t-elle.
Elle ajoute que ces jeux peuvent occasionner des troubles mentaux.
« Les troubles anxieux seraient près de 4 fois plus fréquents parmi les joueurs pathologiques ». Et « le risque de trouble de l’humeur serait multiplié par 4,4 et celui d’épisode maniaque par 8,8 parmi ces derniers« , alerte cette psychologue
Sur son site, l’organisation santé publique de la France fait les mêmes conclusions sur base des études menées en 2023 au sujet du paris sportifs.
« Les risques d’adduction sont souvent Le tabagisme, l’usage ou l’abus d’alcool, la dépendance aux drogues sont plus fréquents parmi les joueurs pathologiques ».
Pas seulement à Kinshasa, à Goma également des joueurs sont accros au pari sportifs
Conscient du danger, Espoir Aspirine militant au sein des mouvements citoyens au Nord-Kivu invite le gouvernement à prendre des mesures drastiques pour protéger sa population.
« Ailleurs la jeunesse est une force. Ici chez nous, celle-ci est devenue un poids pour la société. Comment ces gens trouvent l’argent de mises ? Il y a lieu aujourd’hui de lier ces activités à la petite criminalité dans les villes du pays. Le gouvernement doit créer des entreprises pour faire sortir cette jeunesse de la rue. Sinon elle est sacrifiée. Les conséquences, nous serons les premiers à les tirer ici ».
Pour rappel, Le jeu de hasard est un jeu payant où le hasard prédomine sur l’habileté et les combinaisons de l’intelligence pour l’obtention du gain. Il s’ensuit qu’en République Démocratique du Congo, deux régimes existent selon la nature des jeux : La loterie et les autres jeux comme le pari sportif et les jeux connexes.
En date du 30 août 2024, le ministre des Finances avait annoncé que les jeux d’argent (Paris sportifs, casinos, loteries et autres) se doivent de payer les taxes sur l’autorisation d’exploitation et les gains des joueurs à la direction de la réglementation financière.
D’après ce communiqué, la taxe d’exploitation est annuelle, et la taxe sur les gains est mensuelle, à régler avant le 15 de chaque mois. Difficile pour l’instant de savoir combien d’entreprises se sont exécutées.