Au moins 782 personnes de nationalité congolaise, dont les ex-otages et des anciens combattants de l’ADF-MTM ayant suivi le processus de déradicalisation, sont déjà réintégrées dans leur communauté par la fondation Bridgeway, qui travaille en collaboration avec la société civile locale et les services de sécurité congolais.
Le processus de déradicalisation qui consiste à inciter ces personnes à renoncer aux violences et arrêter de collaborer avec l’ADF, se fait en Ouganda. Un autre échantillon d’une dizaine d’ex-otages ayant suivi le même processus, a été présenté à la presse ce mercredi 11 décembre à Beni.
Maître Pépin Kavota président de la coordination des forces vives de Beni, a appelé la population à éviter la justice populaire, afin d’encourager d’autres combattants ADF à se rendre.
« Nous pensons que la communauté, même si elle suspecte quelqu’un, ce n’est pas l’occasion de recourir à la justice populaire, mais plutôt l’amener auprès des services habilités », a déclaré Me Pépin Kavota.
En visages découverts, mais ils étaient bien là. Parmi eux, quelques filles avec leurs enfants issus des « pères » combattants de l’ADF, qui les avaient abusivement exploitées sexuellement dans la brousse.
Julie Nkunda, coordonnatrice de l’Organisation non gouvernementale « Femme congolaise pour le développement », a insisté sur l’implication des hommes religieux pour prêcher le pardon, et l’acceptation des rendus et des enfants issus des éléments de l’ADF.
« Ces filles n’ont jamais choisi ni voulu qu’elles soient les femmes des ADF, alors, nous devons les pardonner. Voilà pourquoi, nous appelons les pasteurs, prêtres et tous les hommes religieux de prêcher le pardon et l’amour à leurs fidèles. L’ADF prend le message de haine pour radicaliser ceux qui sont dans la forêt que s’ils essayaient de se rendre volontairement, ils seront lynchés par la population », affirme-t-elle.
Comment se fait la campagne de reddition et défection ?
La Fondation américaine Bridgeway en collaboration avec les autorités et la société civile locale, a établi des sites de défection sûrs dans toute la zone d’opération des ADF, où les combattants ADF qui souhaitent se rendre, peuvent le faire en toute sécurité.
D’après Kombi Katondolo, agent au sein de Bridgeway, des programmes radiophoniques communautaires, des tracts largués dans la forêt visant les camps des ADF et d’autres méthodes sont utilisées pour inciter les combattants ADF à se rendre, et cela à n’importe quel endroit.
Ces sites de défection sûrs collaborent avec les autorités pour traiter avec dignité, les combattants ADF qui se rendent, et les otages qui s’échappent en les examinant, et en les inscrivant dans le processus administratif.
À l’issue de cette procédure, ils sont mis en contact avec leurs familles, et rapatriés chez eux. Dans certains cas, ils bénéficient d’un soutien psychosocial et cours de déradicalisation, afin de les préparer à retourner à la vie civile dans leurs communautés d’origine.
Nombreux d’entre eux ont subi d’horribles traumatismes, et doivent faire l’objet des soins délicats pour qu’une vie normale leur soit à nouveau possible.