Réunis à Goma ce vendredi 13 décembre, des partis politiques et organisations de la société civile du Nord-Kivu ont rendu publique une déclaration commune, pour dénoncer le projet de modification de la Constitution, annoncé par le président Félix Tshisekedi.
Cette initiative, perçue comme une tentative de prolonger son mandat présidentiel, est vivement rejetée par l’opposition, qui y voit une menace pour la démocratie en République démocratique du Congo (RDC).
« Nous disons haut et fort : Non au changement et/ou à la réforme de la Constitution ! », ont scandé les signataires de la déclaration, parmi lesquels figurent des représentants du PPRD, d’Ensemble pour la République, le parti Action alternative pour la renaissance du Congo de Elysée Munembwe, la COOFEDEC et d’Ecidé au Nord-Kivu.
Selon les signataires, le projet de modification de la Constitution est une violation de l’article 219 de la loi fondamentale, qui interdit toute révision touchant à la limitation des mandats présidentiels.
« Ce projet est une atteinte grave à l’ordre constitutionnel. Félix Tshisekedi veut instaurer une dictature et s’éterniser au pouvoir, alors que le peuple congolais a déjà exprimé son refus de telles pratiques depuis la révolution de Laurent-Désiré Kabila », trouve-t-on dans la déclaration lue par maître Simon Dioka du parti politique Action pour la renaissance du Congo (AARC).
Les opposants accusent le président de gouverner de manière dictatoriale, citant des actes tels que l’instrumentalisation de la justice, la répression des voix dissidentes, et l’inaction face à la crise sécuritaire dans l’Est du pays.
« Félix Tshisekedi a montré son mépris pour la Constitution en imposant des décisions unilatérales, et en tolérant des dérives au sein de son gouvernement. Il est temps que cela cesse », a ajouté l’opposition.
Les leaders de l’opposition ont également souligné que le changement de la Constitution n’est pas une priorité dans le contexte actuel.
« La situation au Nord-Kivu est catastrophique : 60 % du territoire échappe au contrôle de l’État. La priorité doit être donnée à la restauration de la paix, au retour des déplacés et à la reconstruction des zones dévastées par la guerre », a déclaré l’opposition au Nord-Kivu.
Ils ont exigé que l’État mette en place des mesures pour résoudre la crise sécuritaire, avant d’engager tout débat sur la réforme constitutionnelle.
« Le peuple congolais ne peut pas accepter qu’on discute de la Constitution, alors que des millions de personnes souffrent à cause des conflits armés », martèle les opposants.
Les signataires de la déclaration ont appelé la population congolaise à se mobiliser pour défendre la Constitution, et empêcher toute tentative de coup d’État constitutionnel.
« Nous, population du Nord-Kivu, refusons catégoriquement toute modification de la Constitution, tant que l’état de siège demeure en vigueur », ont-ils affirmé dans leur déclaration.
Ils ont également menacé de saisir les instances nationales et internationales pour condamner toute tentative de prolongation illégale du mandat présidentiel.
« Nous nous engageons à utiliser tous les moyens légaux pour protéger notre démocratie. Il n’y aura pas de troisième mandat successif pour Félix Tshisekedi ou quiconque. Pas de présidence à vie en RDC », a conclu l’opposition.
Alors que les tensions politiques s’intensifient en RDC, cette déclaration de l’opposition au Nord-Kivu pourrait galvaniser d’autres provinces à rejoindre le mouvement. La question reste de savoir si le président Tshisekedi écoutera ces revendications ou poursuivra son projet controversé.