À Fataki, dans le territoire de Djugu en Ituri, dans le Nord-Est de la République Démocratique Congo, certaines nuits, les températures peuvent descendre jusqu’à 10 degrés.
Parfois, même deux épaisses couvertures en laine ne suffisent pas pour contenir le froid sous ces énormes tentes installées par la MONUSCO, pour loger ses casques bleus Népalais installés depuis quatre ans dans cette zone.
Ils sont 371 au total, qui font des rotations tous les 12 ou 13 mois, comme en ce mois de janvier où des hélicoptères du contingent bangladais basés à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, assurent chaque jour 5 à 6 rotations vers Fataki. Les uns rentrent chez eux au Népal, d’autres arrivent à la base militaire de Fataki.
À la guerre, comme à la guerre…
Ici, les Nations Unies ont presque tout installé pour offrir à ces casques bleus des conditions de vie plutôt acceptables, y compris la télévision et la connexion sans fil (wifi) pour permettre à ces soldats de la paix de garder le contact avec leurs familles restées au pays. Mais tout est sommaire. Normal, nous sommes dans un camp militaire, où l’on est en alerte permanente. Car tout comme les déplacés de guerre qui vivent autour du camp, ces casques bleus restent la cible des miliciens qui ne sont jamais loin du lieu.
![Sacrifice des casques bleus de l'ONU et la détermination qui les caractérisent dans la mission de maintien de la paix à Fataki en Ituri](https://kivumorningpost.cd/wp-content/uploads/2024/01/MONUSCO.jpg)
Régulièrement, des échanges de tirs ont lieu entre ces rebelles qui veulent toujours s’attaquer aux déplacés et aux soldats de la paix onusienne. Un casque bleu avait d’ailleurs perdu la vie en 2022, lors d’une opération conjointe FARDC-MONUSCO à Mbau, à une vingtaine de km de Fataki contre ces rebelles.
Assis sous une petite tente très tôt matin, où il écrase une cigarette, un officier du grade de major de l’armée népalaise dit qu’il est à Fataki depuis à peine une semaine.
« En tant que militaires, nous devons nous adapter à toutes les situations. C’est notre métier, on ne se plaint pas », soutient-il sous anonymat.
Un métier dont il se sent fier
« C’est une opportunité pour nous, qui nous permet de rencontrer différentes cultures, mais surtout une question de fierté de servir les Nations Unies et nos frères et sœurs congolais pour que la paix revienne ici », a-t-il ajouté.
Le matin, la cour fourmille de bruits et mouvements de ces militaires qui vont et viennent ; les uns, pour aller brosser leurs dents ou pour se raser, les autres pour se doucher, faire la lessive, nettoyer les véhicules, apprêter armes et munitions pour la patrouille du matin… Vu leur nombre, il arrive que certains de ces 371 casques bleus fassent la queue pour accéder aux quelques 38 toilettes en tôles, sommairement construites par la MONUSCO.
Le camp militaire ressemble à un petit quartier où l’on trouve un peu de tout : tailleurs, coiffeurs et coiffeuses, infirmiers et infirmières, dispensaire, pharmacie, jardiniers, une cour de tennis, etc. Mais surtout, beaucoup de boue et de poussière, mais aussi de bric-à-brac.
Ici, les travaux (d’entretien ou d’élargissement du camp) sont quotidiens. Le matin, c’est aussi le moment choisi par certains pour faire un peu de sport et la marche, pour « garder la forme », lance un soldat qui vient de boucler le troisième tour du camp.
![Sacrifice des casques bleus de l'ONU et la détermination qui les caractérisent dans la mission de maintien de la paix à Fataki en Ituri](https://kivumorningpost.cd/wp-content/uploads/2024/01/MONU.jpg)
Des tonnes d’eau et de nourriture…
Pour nourrir tout ce monde, il faut des moyens et une sacrée logistique. Chaque jour, ce sont par exemple 150 kg de riz qui sont préparés, 50 kg de poulet, 10 litres d’huile végétale, ou encore 50,000 litres d’eau potable (pour la douche, la cuisine, les toilettes). De l’eau qui provient d’une usine de traitement installée par la MONUSCO à l’intérieur du camp. Car selon les standards des Nations-Unies, chaque soldat a droit à 80 litres d’eau par jour pour ses différents besoins, plus 6 litres d’eau à boire, rapporte Jean Tobi Okala, chef du département de l’information publique de la Monusco Beni, qui a accompagné les journalistes de Beni dans ce voyage de presse.
À cela s’ajoutent des tonnes de légumes, de fruits (pommes, raisins, oranges, banana) et de jus, 218 litres de jus par semaine. Des vivres acheminés ici par route (quand les voies de communication le permettent) ou par hélicoptère.
Au total, ce sont 118 sortes de nourriture différentes que la MONUSCO offre à ses soldats pour leur alimentation : curry, poisson, riz, pommes de terre, viande (de mouton), poulet, miel, thé, café, choux, choux-fleurs, spaghettis, pain, chocolat, œufs, vinaigre, lait, jus (ananas, pommes, raisin, orange…).
Tout cela, en fonction de l’apport calorique journalier recommandé par l’organisation mondiale de la santé. Pour un homme adulte, l’apport conseillé en énergie est, en moyenne, de 2 400 à 2 600 calories par jour, selon l’activité. Pour une femme adulte, il est de 1 800 à 2 200 calories. Ici à Fataki, les soldats de la paix ont droit à 4 repas copieux par jour.
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