Il s’appelle Manassé Omwinja, ce jeune du Nord-Kivu qui fait partie d’un groupe de passionnés du secteur agricole. Grâce au projet Kivu labour, ce jeune soucieux de mettre un terme à l’insécurité alimentaire dans sa province s’est tourné vers le territoire de Nyiragongo pour essayer de compenser cette carence des pommes de terres sur le marché locale suite à la reprise des combats entre les rebelles du m23 et les forces loyalistes dans le Masisi,Rutshuru,et Nyiragongo.
« J’ai conçu ce projet au mois de juillet 2023. En tant que jeune, la montée du prix des pommes de terre dans la ville me semblait incompréhensible. Plusieurs villages du territoire de Masisi se sont vidés de leurs habitants. Ces derniers, en fuyant les combats entre les belligérants, ont abandonné leurs champs. Conséquence, le marché local n’était plus approvisionné comme avant. Avec quelques amis, nous avons décidé de trouver une alternative au problème. Voilà, nous avons entamé des démarches dans le territoire de Nyiragongo. Pendant ce temps, la zone ne cessait de compter depuis des mois, un nombre important de personnes déplacées, arrivées à Kanyaruchinya. En tant qu’entrepreneur, il fallait trouver une solution à la fois au problème de la rareté des pommes de terre, mais aussi créer des occupations pour plus de 100 déplacés. » indique t’il
Ces déplacés qui donnent forme au projet
Durant trois mois, soit fin juillet 2023 à octobre 2023, la première phase du projet Kivu labour a bénéficié de l’accompagnement des hommes et femmes déplacés se trouvant dans des sites autour du camp de Kanyaruchinya et des villages environnants. L’apport de ces personnes s’est avéré crucial dans cette culture de pommes de terre.
« Nous avons commencé cette initiative en pleine période sèche. Les semences ont eu du mal à sortir des terres, heureusement, nos collaborateurs y ont joué une place de choix. Ces déplacés que nous encadrons, ont apporté leur expertise dans le domaine agricole. La neige récurrente ici ne nous a pas démoralisé jusqu’à ce qu’aujourd’hui nous soyons parvenus à produire pour cette première phase ces 20 tonnes de pommes de terre. » révèle Manassé Omwinja
Vers une solution durable dans la lutte contre la hausse du prix de pommes de terre à Goma
Avec une population estimée à plus d’un million d’habitants, 20 tonnes de pommes de terre pour Goma, est comparable à une goutte d’eau dans un seau reconnaît le concepteur du projet. Avec des moyens de bords, ce n’est pas évident de faire baisser d’un cout le prix des pommes de terre comme fixé dans le passé.
« Le défis est immense en cette période d’instabilité. La plupart d’agriculteurs sont en déplacement. Nous avons cette volonté ou ce rêve de contribuer à l’indépendance alimentaire de la RDC. Ça fait tellement mal, que notre pays, disposant de toutes ces terres puisse recourir à la Tanzanie pour combler sa demande en pommes de terre. Cette jeunesse, qu’on qualifié de distraite est entrée de se réveiller. Avec ce projet Kivu labour, notre ambition est de cultiver plus d’espace pour que ce problème puisse appartenir au passé. Pour faire de ce projet une réalité, l’appui du gouvernement et de ses partenaires peut tout arranger. » espère ce jeune agriculteur.
Quel avenir pour Kivu Labor ?
Alors que d’autres plantules sont encore en phase de croissance, Manasse Omwinja réfléchit sur un projet plus grand en terme d’espace et de rendement. Le marché de la pomme de terre étant en croissance permanant, ces produits sont sollicités à Goma, Kinshasa et Bukavu. Dans les années à venir, plusieurs possibilités seront étudiées pour voir qu’est ce qui doit être fait et comment pour que nous puissions répondre aux demandes venant d’ici et d’ailleurs.
« La jeunesse est une force dit-on. Nous sommes sûrs que des hommes soucieux du développement de la RDC, ne maquerons pas à nous soutenir. C’est assez avec l’insécurité alimentaire au Nord-Kivu en particulier et en RDC en général. Nous avons décidé de nous prendre en charge. Un Congo qui se suffit sur le plan alimentaire est possible.»
La province du nord Kivu est réputée en RDC dans la production des pommes de terre. Celles-ci sont cultivées généralement dans les territoires de Masisi et Nyiragongo. La reprise de combats entre les FARDC et les rebelles du M23 vers la fin de l’année 2022, a poussé des nombreux agriculteurs à fuir leurs domiciles, abandonnant leurs récoltes entre les mains des insurgés.
Sur le marché, cette chute des entités comme Kibumba et Kilolirwe entre les mains du M23 a fait tripler le prix du kilo sur le marché. Un kilo de pommes de terre qui coutait 700FC au début de l’année 2023, se négocie actuellement entre 1500 et 2000fc dans la capitale du Nord-Kivu.
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