L’opposition en République démocratique du Congo est scandalisée suite à l’ouverture d’un dossier judiciaire à charge du cardinal Fridolin Ambongo, archevêque catholique de Kinshasa, pour ses homélies et prises de position critiques contre la gestion politique et sécuritaire du pays, ordonnée par le procureur près la Cour de cassation.
Ces opposants craignent beaucoup que cela ne soit le signe d’une dictature en cours d’installation en République démocratique du Congo.
Docteur Denis Mukwege s’est dit scandalisé d’apprendre que la Cour de Cassation a ordonné l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre du Cardinal Fridolin Ambongo, Archevêque métropolitain de Kinshasa. Pour le lauréat du prix Nobel édition 2018, cette démarche illustre l’instrumentalisation politique du pouvoir judiciaire et une dérive dictatoriale d’un régime incapable de gérer le pays et de rétablir la sécurité.
« Nous appelons les autorités congolaises à mettre fin au harcèlement judiciaire à l’encontre de la plus importante personnalité de l’Église catholique en Afrique et contre toutes les voix critiques. Les libertés d’expression et d’opinion sont garanties par la Constitution et par le droit international des droits de l’Homme et sont indispensables pour favoriser l’émergence d’une démocratie digne de ce nom », a-t-il écrit dimanche 28 avril 2024 sur son compte Twitter.
Pour Martin Fayulu, envisager d’engager une action en justice contre le Cardinal Ambongo est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il a profité pour appeler la population à se tenir prête pour boycotter cette action qui vise à mettre en œuvre une dictature en cours.
« Il ne fait aucun doute que le régime illégitime de M. Félix Tshisekedi prend une déviation progressive, incontrôlée et dangereuse pour notre pays. Envisager d’engager une action en justice contre le Cardinal Ambongo est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les propos du Cardinal, dans le cadre de sa mission prophétique, sont partagés et acceptés par la majorité des Congolais. J’en appelle à la vigilance de tous les Congolais et je leur demande de se tenir prêts à faire échec à cette action de provocation visant à réduire tout le monde au silence et à consolider la dictature en cours. Cela ne passera pas. » a écrit lundi 29 avril 2024 sur son compte Twitter.
Apprenant avec indignation l’ouverture d’une information judiciaire contre le cardinal AMBONGO, Moïse Katumbi, président de la plateforme Ensemble pour la République, précise que la justice congolaise veut faire taire des Congolaises et Congolais qui endurent sans fin des souffrances atroces.
« Nous apprenons avec profonde indignation que le Cardinal Ambongo ferait l’objet d’une injonction d’interpellation judiciaire suite à ses homélies dénonçant les graves maux qui rongent la RDC. Ce Cardinal et Archevêque Métropolitain de Kinshasa ne fait que porter la voix des Congolaises et Congolais qui endurent sans fin des souffrances atroces. La justice congolaise tente donc de museler cette voix des affligés, des pauvres, des victimes de l’injustice, des guerres et de la mauvaise gestion de la chose publique. Cette politique d’intimidation de l’Église, dont le rôle est justement de porter la voix des opprimés, est totalement inacceptable. » a écrit Moïse Katumbi lundi 29 avril sur son compte Twitter.
Moïse Katumbi souligne que « Cette attaque intolérable de l’Église catholique rappelle les heures sombres de l’histoire tragique de notre Pays, marquée par les régimes autoritaires qui s’en étaient pris sans scrupule aux cardinaux Joseph Malula et Laurent Monsengwo, des défenseurs acharnés de la vérité, de la justice et de la bonne gouvernance. Aujourd’hui, le Cardinal Ambongo est confronté à cette même répression, perpétrée par un pouvoir qui redoute la vérité et la transparence. Mais, de tout temps, nous observons que les régimes qui s’attaquent à l’Église et à ses dignitaires échouent misérablement. Il vaut donc mieux s’en abstenir. »
Il poursuit en disant, « La fragilité et la faiblesse d’un régime, plongé dans une dérive dictatoriale alarmante, sont désormais exposées au grand jour. Tous les Congolais ont droit au respect de leurs droits fondamentaux et l’Église, soucieuse du bien-être collectif, ne peut qu’y veiller notamment en dénonçant tout ce qui détruit la République et plonge les Congolaises et Congolais dans une misère insupportable. Si le respect des droits fondamentaux a un prix, qu’on nous le communique alors pour qu’il soit payé afin de recouvrer la liberté et le bien-être collectif recherché par le Cardinal et Archevêque Métropolitain de Kinshasa. Quelles que soient les intimidations et la répression, la vérité ne sera pas étouffée. »
Firmin Mvonde, Procureur Général près la Cour de cassation, a instruit le procureur général près la Cour d’appel de Matete d’ouvrir une information judiciaire à charge du Cardinal Ambongo. Dans sa correspondance rendue publique le dimanche 28 avril, Firmin Mvonde accuse le numéro un de l’église catholique en République Démocratique du Congo de “violer délibérément les consciences et sembler trouver un plaisir à travers les faux bruits et autres incitations des populations à la révolte contre les institutions établies et les attentats contre les vies humaines”.